愿这世界延迟,即便存在着死亡 | 博纳富瓦诗选

Yves Bonnefoy(1923.6.4-2016.7.1)

/ 博 纳 富 瓦 诗 选 /

秦 三 澍 / 译

◤ 愿这世界延迟!

I

我重新竖起一根

折断了的枝条。叶子

像黎明之前的

天空,因水和阴影

而沉重。噢大地,

不协调的符号,分散的小径,

但美,绝对的美,

河流之美,

愿这世界延迟,

即便存在着死亡!

紧靠着树枝

这灰色的橄榄。

II

愿这世界延迟,

愿树上完美无瑕的叶子

像褶边,永远

围紧临近的果实!

拂晓时分,天空

铺展着,愿那些戴胜鸟,

永远能起飞,从空荡荡的

谷仓的屋檐下,

它们在那儿停落,

落在传说中,

接下来的一小时,

一切仍静止不动。

III

愿这世界延迟!

愿那空缺,那个词

永远,都会融合成一个,

在这单纯的事物里。

它们彼此之间就像

色彩之于阴影,

成熟之果的金色之于

落叶的金黄。

仅在死亡时

它们彼此分离

如同光亮和水从手上脱落

雪在那儿消融。

IV

噢,愿众多的显著性

不会终止

如天穹熄灭

在干涸的水洼里,

愿这世界延迟

就像今晚,

被我们以外的人取走

从无边际的果实上,

愿这世界延迟,

愿夏日晚间发光的细屑

永远,走进

空荡荡的房间,

愿光亮中

一小时的雨水

永远在小径上

流淌。

V

愿这世界延迟,

愿那些词不会有一天

成为这些灰暗的

枯骨,被啄食,

呼唤着,争辩着,

分散开来,

那些鸟,如光明中

我们的黑夜。

愿这世界延迟

如时间停滞

当我们为哭泣的孩童

清洗伤口。

当我们返回

那昏暗的卧室

我们看到他平静地睡着,

如黑夜,但充满光明。

VI

喝吧,她说

并弯着腰

当他哭泣,而充满信赖,

在跌倒之后。

喝吧,愿你的手掀开

我的红裙,

愿你的嘴唇乐于

接受它极度的狂热。

你的病痛几乎不再

将你灼烧,

喝下这水,它是

做着梦的心灵。

VII

大地,走向我们

双眼紧闭着

像是为了索求

一只手将她导引。

她会说:我们的声音

被彼此的空无

幻惑,愿它们成为

我们满足之物。

我们的身躯试图趟过

一条更宽的时间的浅滩,

我们的手对另一岸

一无所知。

愿那孩子诞生于河流

上游的空无中

并在空无中,途经,

一只又一只小舟。

VIII

再一次:夏日

将仅剩一个小时

但愿我们的时辰宽阔

如河流。

因为是在欲望中

而非时间里

遗忘掌握了权势

并让死亡得以生效,

看吧,我的胸乳裸露

在光中

它阴沉的,未经辨读的图画,

一闪而过。

◤ QUE CE MONDE DEMEURE !

I

Je redresse une branche

Qui s’est rompue. Les feuilles

Sont lourdes d’eau et d’ombre

Comme le ciel, d’encore

Avant le jour. Ô terre,

Signes désaccordés, chemins épars,

Mais beauté, absolue beauté,

Beauté de fleuve,

Que ce monde demeure,

Malgré la mort !

Serrée contre la branche

L’olive grise.

II

Que ce monde demeure,

Que la feuille parfaite

Ourle à jamais dans l’arbre

L’imminence du fruit !

Que les huppes, le ciel

S’ouvrant, à l’aube,

S’envolent à jamais, de dessous letoit

De la grange vide,

Puis se posent, là-bas

Dans la légende,

Et tout est immobile

Une heure encore.

III

Que ce monde demeure !

Que l’absence, le mot

Ne soient qu’un, à jamais,

Dans la chose simple.

L’un à l’autre ce qu’est

La couleur à l’ombre,

L’or du fruit mûr à l’or

De la feuille sèche.

Et ne se dissociant

Qu’avec la mort

Comme brillance et eau quittent lamain

Où fond la neige.

IV

Oh, que tant d’évidence

Ne cesse pas

Comme s’éteint le ciel

Dans la flaque sèche,

Que ce monde demeure

Tel que ce soir,

Que d’autres que nous prennnent

Au fruit sans fin,

Que ce monde demeure,

Qu’entre, à jamais,

La pourssière brillante du soird’été

Dans la salle vide,

Et ruisselle à jamais

Sur le chemin

L’eau d’une heure de pluie

Dans la lumière.

Que les mots ne soient pas

Un jour ces ossements

Gris, qu’auront becquetés,

Criant, se disputant,

Se dispersant,

Les oiseaux, notre nuit

Comme cesse le temps

Quand on lave la plaie

De l’enfant qui pleuve.

Et lorsque l’on revient

Dans la chambre sombre

On voit qu’il dort en paix,

Nuit, mais lumière.

VI

Bois, disait celle qui

S’était penchée

Quand il pleurait, confiant,

Après sa chute.

Bois, et qu’ouvre ta main

Ma robe rouge,

Que consente ta bouche

À sa bonne fièvre.

De ton mal presque plus

Rien ne te brûle,

Bois de cette eau, qui est

L’esprit qui rêve.

VII

Terre, qui vint à nous

Les yeux fermés

Comme pour demander

Qu’une main la guide.

Elle dirait : nos voix

Qui se prennent au rien

L’une de l’autre soient

Notre suffisance.

Nos corps tentent le gué

D’un temps plus large,

Nos mains ne sachent rien

De l’autre rive.

L’enfant naisse du rien

Du haut du fleuve

Et passe, dans le rien,

De barque en barque.

VIII

Et encore : l’été

N’aura qu’une heure

Mais la nôtre soit vaste

Comme le fleuve.

Car c’est dans le désir

Et non le temps

Qu’a puissance l’oubli

Et que mort travaille,

Et vois, mon sein est nu

Dans la lumière

Dont les peintures sombre,indéchiffrées,

Passent rapides.

◤ 雨落在沟谷

I

雨,落在沟谷上,落在世间。戴胜鸟

曾停落于我们的谷仓,如同

游移的烟柱上一个个顶点。

黎明,今天请再一次赞同我们。

第一只胡蜂的苏醒

我已听到,在薄雾的

温热里,雾闭锁了

闪着数片水洼的小径。寂静中

它搜寻着,隐身不见。我能够相信

我在那里,我听着。然而它的声响

仅仅扩展成图像。但我脚下

小径不再是小径,仅是我的梦

关于胡蜂,戴胜鸟,薄雾。

曾经我爱在黎明时出门。时间在火炭中

睡眠,额头触着灰烬。

高层的卧室里,平静地呼吸着

我们因阴影减退而显露的身躯。

II

夏日的晨雨,无法遗忘的

水击声就像第一股寒冷

拍打梦的窗玻璃,而睡眠者

摆脱了自身,在落于世间的

雨的声响中,赤手探寻

另一具仍沉睡的躯体,和它的温热。

(流过瓦檐的水声,一阵一阵,

卧室断续地行驶在

光涨起的涌浪中,

暴风雨

已侵占了天空,闪电

诞生于一声响亮而短促的叫喊,

而雷电的宝藏播撒下来。)

III

我起身,我看见

今夜,我们的小船翻了,

火几近于熄灭。

寒冷像一次划桨,驱动着天空。

水面上仅有光,

但水下呢?没有颜色的树干,梦一般

错落的枝桠,以及那些石头

它们的眼睛被湍急的水流闭拢

在沙子的围抱中微笑。

◤ LA PLUIE SUR LE RAVIN

I

Il pleut, sur le ravin, sur le monde. Leshuppes

Se sont posées sur notre grange, cimes

De colonnes errantes de fumée.

Aube, consens à nous aujourd’hui encore.

De la première guêpe

J’ai entendu l’éveil, déjà, dans la tiédeur

De la brume qui ferme le chemin

Où quelques flaques brillent. dans sa paix

Elle cherche, invisible. Je pourraiscroire

Que je suis là, que je l’écoute. Mais sonbruit

Ne s’accroît qu’en image. Mais sous mespas

Le chemin n’est plus le chemin, rien quemon rêve

De la guêpe, des huppes, de la brume.

J’aimais sortir à l’aube. Le temps dormait

Dans les braises, le front contre lacendre.

Dans la chambre d’en haut respiraient enpaix

Nos corps que découvrait la décrue desombres.

II

Pluie des matins d’été, inoubliable

Clapotement comme d’un premier froid

Sur la vitre du rêve ; et le dormeur

Se déprenait de soi et demandait

À mains nues dans ce bruit de la pluie surle monde

L’autre corps, quidormait encore, et sa chaleur.

(Bruit de l’eau sur le toit de tuiles, parrafales,

Avancée de la chambre par à-coups

Dans la houle, qui s’enfle, de la lumière.

L’orage

A envahi le ciel, l’éclair

S’est fait d’un grand cri bref,

Et les richesses de la foudre serépandent.)

III

Je me lève, je vois

Que notre barque a tourné, cette nuit.

Le feu est presque éteint.

Le froid pousse le ciel d’un coup de rame.

Et la surface de l’eau n’est que lumière,

Mais au-dessous ? Troncs d’arbres sanscouleur, rameaux

Enchevêtrés comme le rêve, pierres

Dont le courant rapide a clos les yeux

Et qui sourient dans l’étreinte du sable.

◤ “路人,这些是词语……”

路人,这些是词语。但愿你听

而不是读:这虚弱的

声音,如同被草吞吃的字母所拥有的。

留意你的耳朵,首先听到幸福的蜂

采蜜,在我们几近消逝的姓名中。

它从一簇树梢漫到另一簇,

将发自真实枝叶的声响

带给那些刻镂隐形之金的蜜蜂。

随后你认出一种更弱的声音,让它成为

我们一切阴影的无止境的低语。

它,这声响,从石头底下攀爬

为了同失明的光聚拢、发热,

你仍是那失明的光,你仍看得见。

愿你能轻易听到!寂静

是一道门槛,无意间你的手将一根枝桠

折断,试图让石头上的名姓显现,

借由这枝桠的通道,

寂静中,我们缺席的名字将你的恐惧抚平,

你沉思着,远离,对你而言

这里变作了那边,但从未停止存在。

◤ “PASSANT, CE SONT DES MOTS…”

Passant, ce sont des mots. Mais plutôtque lire

Je veux que tu écoutes : cette frêle

Voix comme en ont les lettres quel’herbe mange.

Prête l’oreille, entends d’abordl’heureuse abeille

Butiner dans nos noms presqueeffacés.

Elle erre de l’un à l’autre des deuxfeuillages,

Portant le bruit des ramures réelles

À celles qui ajourent l’invisible.

Puis sache un bruit plus faibleencore, et que ce soit

Le murmure sans fin de toutes nosombres.

Il monte, celui-ci, de sous lespierres

Pour ne faire qu’une chaleur avecl’aveugle

Lumière que tu es encore, ayantregard.

Bonne te soit l’écoute ! Le silence

Est un seuil où, par voie de cerameau

Qui casse imperceptiblement sous tamain qui cherche

A dégager un nom sur une pierre,

Nos noms absents désenchevêtrent tesalarmes,

Et pour toi qui t’éloignes,pensivement,

Ici devient là-bas sans cessered’être.

编 者 按

本期选登的诗作,均出自博纳富瓦于2001年出版的诗集《弯曲的船板》(Les Planches Courbes)。该诗集汉译本将于明年在中国大陆出版发行,由青年诗人、译者秦三澍执译。

译 者 简 介

秦三澍,1991年生。复旦大学中文系—巴黎高师文化迁变与传播研究中心比较文学硕士在读。诗歌、译作、评论文字见于各类文学刊物及选本。曾获柔刚诗歌奖、诗东西—DJS诗歌奖、重唱诗歌奖、第二届全球华语大学生年度诗人奖等。自辑诗集《人造的亲切》、《孔雀与人间诗》。主编“杜弗·青年诗丛”。译介有Yves Bonnefoy、Paul Éluard、RobertPinsky、Henri Cole等英、法语重要诗人及十余位欧美青年诗人的作品。现为复旦-望道文学翻译工作坊召集人,《飞地》丛刊诗歌编辑,北方文艺出版社“北极光诗系·当代译丛”副主编。

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特约供稿:秦三澍

本期编辑:颖川

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