法语悦读课程 | 政府仍未在抗疫限制措施与民主自由之间找到平衡

Covid-19 : « L’Etat ne trouve pas l’équilibre qui fait des restrictions aux droits de l’homme une exception acceptable »

新冠:“政府仍未在抗疫限制措施与民主自由之间找到平衡”

(本期老师:施洋老师)

法国里昂二大语言科学硕士毕业;

巴黎三大新索邦语言科学音系学博士毕业;

CIEP认证的TCF各类考试主考官;巴黎法语语言培训师;TCF/DELF考试培训师,现居巴黎。

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I. Introduction 简介

-疫情当前,法国民众为什么“不听话”?他们为什么“不好管”?

-支撑他们的信念是什么?

-人类最深切的憧憬是什么样子?

词汇及表达

létal,-e (a.) 致命的

manipuler (v.t) 操控

sidérer (v.t) 使惊愕

agiter (v.t) 煽动

soumettre qqn. à 使某人屈从于 dérogation (n.f) 违背;【法】例外 inique (a.)极不公道的

légalité (n.f) 合法性

contestable (a.) 具有争议的

réduire qqn. à 限制某人自由直至(某程度)

inaction (n.f) 毫无作为

背景知识:

Covid-19 : 肆虐全球的新冠病毒疫情,文中也多处使用了(la) pandémie (大流行病,疫情)来表达同样意思。

Politique des émotions : 从中世纪起就有的名称,情感政治(中性评价),也称感性政治(正面评价)或者煽动型政治(负面评价),通常指依靠挑动、鼓动民众情绪,利用一些契机来引导社会情感情绪的政治手段或者治理方案。由于有了当年希特勒的前车之鉴,西方社会普遍反感这种做法。

II.外教原文朗读

Covid-19 : « L’Etat ne trouve pas l’équilibre qui fait des restrictions aux droits de l’homme une exception acceptable »

Tribune. La peur est une arme létale. Manipulée par une politique des émotions, elle sidère les populations. Dans le cadre précis de la pandémie, en agitant sans cesse la menace de la mort pour mieux soumettre leurs peuples à des dérogations iniques aux droits fondamentaux, fondées sur une légalité très contestable voire inexistante, les Etats, même démocratiques, ont réduit leurs citoyens au silence et à l’inaction.

Réprimés dans leur élan vital et infantilisés, ils ne sont plus considérés que comme des masses laborieuses. « C’est fini, la bamboche ! » scande un préfet tout droit sorti d’une République caricaturale et ignorante des droits, y compris celui au repos, aux loisirs et à la vie privée.

Dépossédés de leur capacité à exercer et à jouir de leurs libertés par un Etat paternaliste devenu autoritaire, ces citoyens sont aussi dressés les uns contre les autres. Partout en Europe, les jeunes adultes sont montrés comme d’irresponsables hédonistes et assimilés à des armes de destruction massive des autres générations apeurées.

Une logique sociale de méfiance généralisée

Quant aux voix dissidentes en faveur d’une pensée complexe, elles sont tues au nom d’une vision absolutiste de la science. Une logique sociale de méfiance généralisée est mise en place pour mieux distancier les individus en fragmentant leurs liens familiaux, amicaux, culturels ou religieux. Isolés, ils ne sont que plus vulnérables à une nouvelle forme d’insécurité.

Pourtant, vivre à l’abri de la peur est l’une des grandes libertés proclamées par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 sur la base des fameuses « Quatre Libertés » du président américain Franklin Delano Roosevelt (1882-1945), présentées comme fondamentales dans son discours sur l’état de l’Union de janvier 1941 : les libertés d’expression, de religion, « de vivre à l’abri du besoin » et enfin « de vivre à l’abri de la peur ».

Ces quatre libertés sont le socle d’un monde pensé comme « l’antithèse du soi-disant ordre de la tyrannie que les dictateurs cherchent à créer par l’explosion d’une bombe », précise le président Franklin Delano Roosevelt.

Complexité

Or, depuis le début de la pandémie, c’est un discours violent empruntant ses métaphores à la rhétorique guerrière et une politique de répression qui ont été privilégiés. C’est à nouveau oublier le préambule de la Déclaration universelle de 1948 qui souligne que « la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité » et que « l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme ».

De la libération de la peur et de la misère découlent la paix, la capacité à agir et à faire apparaître une forme de « résilience », pour emprunter un lexique plus contemporain. Ce droit légitime à la paix est en principe garanti par l’Etat protecteur des libertés, y compris celle d’être à l’abri de la peur.

C’est toute la complexité de la situation que nous vivons actuellement. Dans le contexte de l’urgence, l’Etat se pose comme rempart légal aux menaces globales, de quelque nature qu’elles soient, sanitaire, climatique ou terroriste. Pourtant, il n’arrive pas toujours à trouver cet équilibre de la proportionnalité et de la temporalité qui fait des restrictions ou dérogations aux droits de l’homme une exception acceptable. A l’inverse parfois de l’objectif poursuivi, de nouvelles insécurités sont générées.

Mécanismes psychologiques instrumentalisés

La paix est, par exemple, rendue impossible par les conséquences économiques dramatiques des suppressions des libertés réelles, ou imposées par une autocensure souvent inconsciente mais toute aussi dévastatrice. On le sait, la misère est déjà là pour beaucoup.

La pandémie n’a donc pas seulement produit une crise sanitaire, elle a révélé plus encore la capacité paradoxale de l’Etat à générer de la peur, cet Etat démocratique qui cherche l’adhésion volontaire de la communauté à un projet commun de surveillance et de répression, et fait de celui-ci un nouveau socle identitaire. Cet Etat qui créée une histoire porteuse d’insécurité pour justifier l’exception à la légalité et l’ériger comme une nouvelle norme.

Ces mécanismes psychologiques instrumentalisés par le pouvoir ne sont pas nouveaux. Ils n’ont eu de cesse d’être utilisés par le Prince, y compris dans l’histoire contemporaine avec, par exemple, la peur du bolchevique « au couteau entre les dents », la guerre froide et sa prolifération nucléaire, les crises financières internationales, ou bien évidemment, la menace terroriste et son nouveau lot « d’islamo-gauchistes ».

Retrouver le principe d’égalité

Comment alors se détacher de la politique des émotions pour privilégier la raison et l’intelligence collective par la paix ? Pour établir la paix, il conviendrait, comme le montrait déjà Montesquieu dans L’Esprit des lois en 1748, de restaurer la liberté politique, celle qui, « dans un citoyen est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté. Et, pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel, qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen. »

Il faudrait en effet ne pas avoir à craindre l’autre parce qu’il est porteur d’un virus, qu’il a une autre couleur de peau, un autre sexe, une appartenance sociale différente, ou pratique une religion dite « minoritaire ». Retrouver le principe d’égalité pour ne pas penser cet autre comme un subalterne, un citoyen de seconde zone déconsidéré et rabaissé par l’arrogance du pouvoir.

La libération de la peur passe aussi par le respect de la dignité et de la spécificité des membres de la communauté politique. Vivre sans peur, c’est être capable d’embrasser les changements du présent pour affronter l’avenir et réaliser les aspirations les plus profondes de l’être humain.

(970 mots)

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